Nous aimons nos sacres au Québec, ces mots de la religion catholique qui nous servent de jurons. Comme dans toutes les langues, il existe différents degrés de sacres. Certains sont plus vulgaires que d’autres, comme je l’ai expliqué précédemment.
Aujourd’hui, nous allons aller plus loin et parler de variations de sacres, de versions dites soft des sacres québécois. Ce sont des sacres déformés, en version atténuée et presque inoffensive.
Maudit
Ce n’est pas un sacre très fort, mais on peut le rendre encore plus léger en le transformant.
Maudine!
Mautadine!
Mautadit!
La variante la plus courante est mautadit. On entend aussi mautadine, et rarement, maudine.
Exemple
Adéodat, qui se versait du café, repose la cafetière sur la table. Inquiet, il roule sa chaise sur la galerie.
— Je suis trempe en lavette, dit Délira. Mon voyage va m’faire mourir avant que je parte pour Rome !
— Mautadine, Délira, tu m’fais peur. Rentre, viens t’asseoir.
— Je reste pas en place ; mon horoscope me démange trop.
— Viens pareil, essaye, on va prendre une tasse de café.(Jeanne-d’Arc Jutras, Délira Cannelle, Éditions Québec/Amérique, Montréal, 1983)
Hostie
Toutes ces variantes sont vulgaires: ostie, estie, osti, esti, asti, sti.
La seule version soft est la suivante.
Ostifi!
Exemple vu sur Reddit
Ostifi de gros sofa à déplacer (vu ici)
Bâtard
Ce vieux sacre moins courant existe aussi dans une version atténuée.
Batèche!
Exemple
On retrouve ce mot dans les poèmes de Gaston Miron.
La batèche ma mère c'est notre vie de vie de vie
batèche au cœur fier à tout rompre
batèche à la main inusable
batèche à la tête de braconnage dans nos montagnes
batèche de mon grand-père dans le noir analphabète
batèche de mon père rongé de veilles
batèche de moi dans mes yeux d'enfant